George
Clooney
Adieu, Dr Ross
Cinq ans !
Cela fait 5 ans que ce modeste acteur de séries B était devenu
le plus célèbre toubib de l'histoire de la télé US qui en
compte pourtant déjà pas mal. Peu à peu, le Dr Doug Ross
s'était imposé en quelque sorte comme la moelle épinière
médiatique du corps de garde de l'hôpital de Chicago. Mais tout
à une fin : en plein milieu de la 5ème saison d'Urgences,
Clooney souhaitant élargir son champ opératoire, fait monter
l'adrénaline d'un cran en démissionnant du service des
urgences. Que s'est-il donc passé chez ce bourreau des coeurs ?
1999 pour Clooney :
L'année des ruptures...
D'abord, il est un peu fatigué du stress d'Urgences. Ensuite, il veut tailler au bistouri dans sa légende d'Irish Lower de 38 printemps, élevé au pays du popcorn, amateur de bières, de Harley Davidson et de jolies filles, perpétuellement épinglé par la presse à scandales. A ce propos, il apparaît presque serein lorsque sa girlfriend, Céline, le plaque en Mai dernier sans crier gare. Lorsqu'il répond, laconique, dans un communiqué qu'il n'est pas fait pour le mariage et les enfants, il opte encore pour une solution radicale. Chez Clooney, couper le cordon ombilical avec ses repères tient autant de la chirurgie que d'un judicieux plan de carrière où il passe son temps à brouiller les pistes. Aussi lorsque, à l'occasion de la rentrée 1998 pour la 5ème saison d'Urgences, il annonce son intention de raccrocher le stéthoscope, il fait grimper la fièvre chez les scénaristes de la série.
Selon le créateur d'Urgences, Michael Crichton, Clooney souffre du "blues de la blouse", en un mot, il en a marre de l'image de Ross. Cinq jours sur sept, levé aux aurores, le comédien doit apprendre une dizaine de pages de dialogues peu courants puisqu'il s'agit le plus souvent de termes médicaux, des mots du type angioplastie, cyanose ou fibrillation ventriculaire. C'est le cas de celui de John Wells et de Christopher Chulack, co-producteurs de la série chargés de scénariser et mettre en en scène le départ même provisoire du pédiatre chéri de ces dames. Comment lui faire rendre sa blouse sans qu'elle soit trop maculée de sang ? Même si cela peut apparaître pure folie, ils envisagent, un temps d'occire tout simplement le Dr Ross, victime d'un malade déjanté ou d'un mari jaloux. Ce funeste destin aurait sans doute eu pour effet, bénéfique, de tripler les ventes de Kleenex.
De son côté, on raconte que
Clooney préférait largement être viré, même sans
ménagement. Avec cette solution, la porte des Urgences lui reste entrouverte au cas où... Finalement, les producteurs et la
chaîne optent plutôt pour sa démission, même si elle résulte
d'une faute grave. Crichton, Bear, Wells planchent sur les causes
les plus coupables : le Dr Ross aurait frappé un malade, un de
ses confrères ou encore serait surpris en fâcheuse position
avec une infirmière. "Et pourquoi pas m'envoyer en l'air
avec un interne mâle pendant que vous y êtes !"ironise
Clooney.
Rappelons qu'au même moment, l'acteur a quelques ennuis avec la presse : dans ses colonnes, le New York Post rapporte qu'il serait gay ! Le script de l'épisode final, accepté par Clooney, sera tout aussi rocambolesque : Le Dr Ross est forcé de démissionner de l'hôpital pour avoir aidé une mère à euthanasier son enfant condamné. Le 14 Janvier 1999, aux studios Burbank, Clooney tourne donc l'une des ultimes scènes de son départ, scène où, le visage le visage ensanglanté, il sauve Jeanie Boulet d'un accident dont ils ont été les victimes à la suite de la tempête de neige qui s'abat sur Chicago. Elle a été la seule à lui proposer son aide alors que l'ensemble du personnel hospitalier le désavoue parce qu'il a fourni à une mère un médicament fatal pour son enfant condamné. "J'ai fait mon devoir, rien de ce que j'ai fait aurait pu changer le cours des choses" s'excuse Ross. Aux yeux de la justice, aider le jeune Ricky à ne plus souffrir est un délit : poursuivi pour euthanasie et pour avoir violé le code éthique, il sera mis à l'index. " Dr Ross, vous vous ne travaillez plus dans cet hôpital" lui lancera, cinglante Kerry Weaver. C'est l'une des dernières prises de la journée. Le soir, la comédienne et tous les autres membres de l'équipe feront fête à Clooney et lui offrent un immense gâteau avec son portrait.
Monté mixé, diffusé les 11 et 18 Février derniers sur NBC (le 17 Octobre 1999 sur france 2), ce double épisode 'il faut bien çà !) baptisé judicieusement " The Storm" (la tempête) provoque , comme il fallait s'y attendre, un tollé général auprès des téléspectatrices de 17 à 77 ans. Partout ailleurs, le public entre comme dans un coma post-opératoire. Aussitôt, la série commence à s'éffondrer dans les sondages. Lorsque Clooney s'absente, le monde entier suffoque. Or, l'intéressé n'en a cure.
De quoi rêve-t-il , D'abord, comme il a affirmé bien haut, il souhaite revenir de temps à autres dans Urgences. "Dans les soaps, ils font tous ça depuis 40 ans" précise Clooney bien décidé à se faire oublier des paparazzi. Depuis le début de la série, tous les tabloïds de la planète ont fait leur chou gras sur ses prétendues 1 000 liaisons, sur son enfance lorsqu'à 14 ans, il était atteint d'une paralysie faciale mal soignée qui lui a laissé, comme séquelle (!), ce sourire ravageur, enfin, sur son mariage raté avec Talia Balsam. Aujourd'hui, il préfère laisser derrière lui les mille auditions qu'il a dû passer sans résultat, les quinze métiers exercés pour survivre ou ses rôles dans les nanars de séries Z. "Mieux vaut que vous ne m'ayez pas vu en travelo danser le Lambada sur un play-back dans The Harvest" dit-il encore.
Aujourd'hui, après quelques petits entractes cinématographiques qui ne l'ont toujours pas satisfait, il a monté sa propre firme, Mysville Production, sur le bureau de laquelle s'entassent des dizaines de projets. Citons en vrac Oh Brother, Where Art thou, film dans lequel il incarne un fugitif évadé au côté de John Goodman dirigé par Ethan et Joel Coen, Three Kings tourné fin 98, l'histoire d'un soldat dans la tourmente de la guerre du Golfe, Designates Survivor sur l'assassinat d Président des États-Unis. Parmi les plus attendus The Eatcher was a Spy, biographie d'un joueur de base-ball des années 30 utilisé au Japon pour les services secrets américains, et the Perfect Storm réalisé par Wolfgang petersen, capitaine d'un bateau en perdition au bord duquel servira ben Affleck.
Enfin, après son retrait (heureux) dans l'adaptation cinématographique des Mystères de l'Ouest ("je n'étais pas l'acteur idéal pour Batman, alors Artemus Gordon, vous pensez ! "), Clooney annonce qu'il reprendra sans doute le rôle de Starsky, héros de la série culte des midseventies : "Remarquez, j'aimerais beaucoup jouer Huggy les bons tuyaux si Will Smith n'est pas libre" ironise t-il. Dans cette version ciné de Starsky & Hutch, l'acteur précise q'il la jouerait plutôt mel Gibson dans l'Arme fatale que copier l'original Paul Michael Glaser. On parle aussi de lui dans une entreprise plus périlleuse bien que ne manquant nullement de piquant : il reprendrait, toujours pour le cinéma, le rôle de L'incroyable Hulk, le géant vert qui amusait jadis les enfants, tous projets bénéficiant d'un solide budget. Normal lorsqu'on sait qu'il coûte aujourd'hui la somme de 7,5 millions de dollars par film. En Mai dernier, devant la chute vertigineuse de l'audience, les producteurs d'Urgences lui ont offert 5 millions de dollars qu'il a aussitôt empochés même si il affirme "être revenu pour revoir les copains". A nouveau, sa corvette rouge 1959 est garée à la place habituelle du parking situé devant le studio 19 des studios Burbanks. Clooney a repris son stéthoscope, renfilé sa blouse blanche (ou verte selon les interventions) et repris avec Carol Hathaway le fil de ses amours où il les avait laissées... avec, en prime, deux jumeaux sur les bras. De quoi largement nous faire piaffer d'impatience jusqu'en 2001, date prévue pour la diffusion française de ce retour tant attendu...
Estelle Blanc